- CONCEPT
- CONCEPTLes thĂ©ories de la connaissance sâaccordent gĂ©nĂ©ralement Ă reconnaĂźtre quâil y a essentiellement, dans lâĂȘtre humain, deux modes de connaissances de la rĂ©alitĂ©, lâun qui porte directement sur le concret, saisi dans sa singularitĂ©, lâautre qui nâatteint le rĂ©el quâĂ travers des dĂ©terminations de caractĂšre abstrait (sĂ©parĂ©es des individus concrets en lesquels elles peuvent Ă©ventuellement se trouver rĂ©alisĂ©es). Le premier mode caractĂ©rise lâintuition, le second la connaissance par concepts. Kant dĂ©finit lâintuition comme le mode par lequel la connaissance «se rapporte immĂ©diatement aux objets et auquel tend toute pensĂ©e comme au but en vue duquel elle est le moyen». On pourrait, en utilisant le terme gĂ©nĂ©ral de reprĂ©sentation pour caractĂ©riser la connaissance, dire que lâintuition est une reprĂ©sentation singuliĂšre (câest-Ă -dire portant sur le singulier) et que le concept est une reprĂ©sentation gĂ©nĂ©rale. Mais le recours Ă ce terme de reprĂ©sentation risque dâengager lâĂ©pistĂ©mologie dans la voie dâun rĂ©alisme indirect, qui nâest pas sans poser bien des problĂšmes (nous ne connaissons Ă proprement parler que nos reprĂ©sentations, et nous ne connaissons le rĂ©el quâindirectement, par lâintermĂ©diaire de celles-ci). Il serait plus conforme aux donnĂ©es que fournit lâanalyse de lâactivitĂ© cognitive de caractĂ©riser la connaissance par lâexpression dâintentionnalitĂ© assimilatrice . Il faudrait alors distinguer deux modalitĂ©s de cette intentionnalitĂ©: lâune qui vise le concret tel quâil se donne, de façon immĂ©diate, lâautre qui vise le concret de façon mĂ©diate, Ă travers des dĂ©terminations que lâesprit peut considĂ©rer en elles-mĂȘmes, Ă lâĂ©tat isolĂ©, et en tant prĂ©cisĂ©ment que sĂ©parĂ©es de leurs supports concrets. Le concept peut ĂȘtre dĂ©fini, dans cette perspective, comme la mĂ©diation par laquelle opĂšre lâintentionnalitĂ© cognitive lorsquâelle vise ainsi le rĂ©el Ă travers lâĂ©lĂ©ment de la gĂ©nĂ©ralitĂ©.1. Les propriĂ©tĂ©s du conceptLa tradition rationaliste Ă©tablit une diffĂ©rence tranchĂ©e entre la connaissance intuitive et la connaissance conceptuelle, en lesquelles elle voit deux niveaux irrĂ©ductibles de savoir. La tradition empiriste, en revanche, conçoit plutĂŽt ces deux modes de connaissance comme des rĂ©alisations, selon des degrĂ©s diffĂ©rents, dâune seule et mĂȘme modalitĂ© fondamentale.Que les concepts soient compris comme des reprĂ©sentations ou comme des formes de mĂ©diation, ils se distinguent de lâintuition sensible, concrĂšte et singuliĂšre, par leur caractĂšre abstrait et universel. Le concept met en Ă©vidence un aspect de la rĂ©alitĂ©, qui est considĂ©rĂ© Ă part, comme sâil constituait un objet de connaissance pour son propre compte, alors quâil nâest pas donnĂ© Ă lâĂ©tat isolĂ© dans lâexpĂ©rience perceptive. Lâesprit humain a cette propriĂ©tĂ© remarquable de pouvoir ainsi dĂ©tacher â de ce qui, dans lâintuition sensible, est donnĂ© sous forme de totalitĂ©s individuelles singuliĂšres â des dĂ©terminations qui appartiennent bien Ă ces totalitĂ©s, mais qui ne les caractĂ©risent que selon une perspective particuliĂšre. Le concept est prĂ©cisĂ©ment la saisie dâune telle dĂ©termination. Il est caractĂ©risĂ© par ce que Hegel appelle la «dĂ©terminité» (Bestimmtheit ). En tant que tel, il se pose comme un moment sĂ©parĂ©, ou abstrait. Il sâoppose par lĂ Ă la donnĂ©e intuitive, comme un point de vue limitĂ© Ă une totalitĂ©; mais il sâoppose aussi aux autres concepts, comme une dĂ©termination Ă dâautres dĂ©terminations. Selon la formule cĂ©lĂšbre de Spinoza, «toute dĂ©termination est nĂ©gation» ce qui se pose comme talitĂ© dĂ©limitĂ©e exclut de soi tout ce qui nâen relĂšve pas. Mais, par le fait mĂȘme quâil se dĂ©gage de ce quâil y a dâindividualisant dans lâintuition, le concept est susceptible de sâappliquer Ă tous les individus en lesquels, Ă un titre quelconque, se rĂ©alise la dĂ©termination quâil rend manifeste. On peut dire aussi quâil subsume dans lâunitĂ© dâun point de vue gĂ©nĂ©ralisant la multiplicitĂ© (en principe indĂ©finie) des cas individuels par rapport auxquels ce point de vue est pertinent. Le concept, par lui-mĂȘme, ne pose aucune limite Ă son champ dâapplication; Ă©tant de la nature dâune forme, il est de soi disponible pour ĂȘtre mis en Ćuvre en toute circonstance oĂč il rencontrera les dispositions adĂ©quates. Câest en cela que rĂ©side son caractĂšre dâuniversalitĂ©. MĂȘme un concept qui ne sâappliquerait en fait quâĂ un seul individu (que cela rĂ©sulte dâune constatation empirique ou dâun raisonnement sur les conditions de son application) ne cesserait pas pour autant dâĂȘtre universel de droit.Cette double propriĂ©tĂ© du concept se reflĂšte dans la structure de la proposition. Selon une analyse qui remonte Ă Aristote, la forme fondamentale (et en mĂȘme temps Ă©lĂ©mentaire) de proposition est celle qui consiste Ă attribuer un prĂ©dicat Ă un sujet. Le sens de lâattribution est dâaffirmer que la dĂ©termination reprĂ©sentĂ©e par le prĂ©dicat appartient effectivement Ă lâentitĂ© individuelle dĂ©signĂ©e par le terme sujet. Du point de vue sĂ©mantique, le terme sujet et le terme prĂ©dicat ont des fonctions complĂštement diffĂ©rentes. Le sujet exerce, dans le contexte de la proposition, une fonction purement rĂ©fĂ©rentielle: il renvoie Ă un fragment de rĂ©alitĂ© relativement isolable, visĂ© en tant quâunitĂ© concrĂšte. Celle-ci peut appartenir au domaine des choses perceptibles ou au domaine des choses idĂ©ales (telles que les entitĂ©s mathĂ©matiques); dans lâun et lâautre cas, on pourra dire que le sujet se rĂ©fĂšre Ă des objets.Le prĂ©dicat a pour fonction de projeter sur lâobjet dĂ©notĂ© par le sujet un Ă©clairement spĂ©cifique, correspondant Ă un aspect dĂ©terminĂ© de gĂ©nĂ©ralitĂ© sous lequel lâesprit peut viser le rĂ©el. Ou, encore, de placer lâobjet dĂ©notĂ© par le sujet sous un point de vue gĂ©nĂ©ralisant, qui en fait apercevoir, totalement ou partiellement, lâintelligibilitĂ© intrinsĂšque. Sujet et prĂ©dicat correspondent ainsi Ă deux formes fondamentales dâintentionnalitĂ©: lâune qui se rapporte au monde en tant quâanalysable en totalitĂ©s concrĂštes, apprĂ©hendables dans leur concrĂ©tude mĂȘme, lâautre qui se rapporte au monde en tant quâanalysable en qualitĂ©s participables, apprĂ©hendables dans leur gĂ©nĂ©ralitĂ© mĂȘme. Or cette gĂ©nĂ©ralitĂ© que le prĂ©dicat exprime, câest prĂ©cisĂ©ment celle du concept. Le prĂ©dicat est donc, dans le milieu du langage, lâĂ©lĂ©ment mĂ©diateur qui permet Ă la pensĂ©e de restituer le concept, qui est un instrument de pensĂ©e, Ă lâunivers concret que saisit lâintuition.La question du rapport entre le prĂ©dicat et le concept est fort controversĂ©e. Frege explique que le prĂ©dicat dĂ©note un concept, comme le sujet dĂ©note un objet. Et il caractĂ©rise le statut du concept en sâappuyant sur lâidĂ©e de fonction. La propriĂ©tĂ© essentielle de la fonction, câest son insaturation, ou son indĂ©termination, qui lui donne prĂ©cisĂ©ment un caractĂšre de gĂ©nĂ©ralitĂ©. Un concept, selon Frege, nâest quâun cas particulier de fonction: câest «une fonction dont la valeur est toujours une valeur de vĂ©rité». Strawson explique que le prĂ©dicat identifie un terme universel, comme le sujet identifie un terme particulier. Ces deux approches ont lâinconvĂ©nient de dĂ©crire les fonctions de sujet et de prĂ©dicat au moyen de la mĂȘme catĂ©gorie sĂ©mantique. On pourrait tenter dâexprimer la diffĂ©rence entre sujet et prĂ©dicat en disant que le sujet se rĂ©fĂšre Ă un objet et que le prĂ©dicat reprĂ©sente un concept (non au sens oĂč il en serait une image, mais au sens oĂč il en tiendrait la place et en exercerait la fonction dans le milieu du langage). Si le prĂ©dicat est une entitĂ© linguistique, le concept est une entitĂ© de pensĂ©e (ce qui est tout autre chose quâun «état mental»). TrĂšs exactement, il est un mode noĂ©tique dâapprĂ©hension ou, encore, une forme selon laquelle un objet peut ĂȘtre pensĂ©.La proposition reprĂ©sente (cette fois, au sens dâune mise en scĂšne) lâapplication dâun concept Ă un objet. Le caractĂšre abstrait du concept se reflĂšte dans le fait que le prĂ©dicat ne peut jouer son rĂŽle de terme dĂ©terminant que par lâintermĂ©diaire du sujet; câest seulement en tant quâil est ancrĂ© dans un terme qui Ă©voque directement une totalitĂ© concrĂšte quâil peut qualifier celle-ci. Et le caractĂšre universel du concept se reflĂšte dans le fait que le prĂ©dicat nâest pas liĂ© Ă un sujet dĂ©terminĂ© mais est disponible en quelque sorte pour une infinitĂ© virtuelle de sujets.2. Le problĂšme des universaux: platonisme, nominalisme et conceptualismeLe statut et le rĂŽle du concept ont suscitĂ© de nombreux et importants dĂ©bats philosophiques. On se bornera ici Ă quelques indications, en Ă©voquant dâabord la querelle des universaux. Cette querelle qui joua un grand rĂŽle au Moyen Ăge, et qui concerne la relation entre le concept et le rĂ©el, sâest ranimĂ©e Ă lâĂ©poque contemporaine, surtout dans le contexte des discussions sur le nominalisme. Les diffĂ©rentes positions adoptĂ©es se ramĂšnent Ă trois grands types.Selon le platonisme, la contrepartie du concept dans le rĂ©el est un «universel», conçu comme une rĂ©alitĂ© existant Ă lâĂ©tat sĂ©parĂ©, dans un monde idĂ©al (tel que celui des idĂ©es de Platon), et auquel «participent» les individus concrets auxquels le concept sâapplique. Les formes modernes de platonisme se rencontrent surtout dans le domaine de la philosophie des mathĂ©matiques, oĂč il sâagit non pas du statut des concepts mais du mode dâexistence des entitĂ©s mathĂ©matiques (on reviendra ci-aprĂšs sur la question des mathĂ©matiques). La thĂ©orie des universaux qui a Ă©tĂ© proposĂ©e par Carnap (dans Meaning and Necessity ) pourrait ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une forme affaiblie de platonisme conceptuel. Une propriĂ©tĂ© peut ĂȘtre interprĂ©tĂ©e comme une classe: câest la collection des individus pour lesquels elle se vĂ©rifie. Il sâagit lĂ dâune interprĂ©tation extensionnelle . Les classes obĂ©issent au «principe dâextensionnalité» elles sont entiĂšrement dĂ©terminĂ©es par les individus qui en font partie (de façon prĂ©cise: deux classes sont identiques si et seulement si tout individu qui appartient Ă lâune appartient Ă lâautre). Mais une propriĂ©tĂ© peut aussi ĂȘtre interprĂ©tĂ©e comme une entitĂ© abstraite, abstraction faite des individus dont elle se vĂ©rifie. Carnap a proposĂ© de caractĂ©riser les concepts par un principe dâintensionnalitĂ© : deux concepts sont identiques si et seulement si tout individu qui exemplifie lâun exemplifie aussi nĂ©cessairement lâautre. On a ainsi un critĂšre dâidentitĂ© pour les concepts et cela autorise Ă les considĂ©rer comme des entitĂ©s existantes extralinguistiques.Le nominalisme adopte une position diamĂ©tralement opposĂ©e: il ne reconnaĂźt dâexistence Ă aucune entitĂ© abstraite. Sous sa forme la plus extrĂȘme, il rĂ©duit les «universaux» au statut de simples noms et en fait donc des entitĂ©s purement linguistiques. De façon positive, le nominalisme est un type de doctrine qui entend reconstruire entiĂšrement lâontologie en termes dâindividus. Mais la notion dâindividu peut Ă©videmment ĂȘtre entendue de façon plus ou moins extensive. Goodman, qui a donnĂ© au nominalisme moderne lâune de ses formes les plus caractĂ©ristiques, prĂ©sente le nominalisme comme une doctrine qui demande de traiter comme des individus toutes les entitĂ©s dont lâexistence est admise. La restriction ne porte donc pas sur le critĂšre dâexistence mais sur le mode de reconstruction de la rĂ©alitĂ©. Elle conduit Goodman Ă rejeter les classes, et Ă nâadmettre que les «agrĂ©gats» dâindividus. La raison quâil avance est que deux entitĂ©s distinctes ne peuvent ĂȘtre faites des mĂȘmes entitĂ©s. Deux agrĂ©gats ne peuvent diffĂ©rer que par lâun au moins des individus qui les composent, alors que les procĂ©dures de formation des classes permettent de former une infinitĂ© de classes distinctes Ă partir des mĂȘmes individus. Quine, qui est souvent considĂ©rĂ© comme nominaliste, a une position plus libĂ©rale, en ce sens quâil admet lâexistence des classes. Et cela pour la raison que lâon dispose dâun critĂšre dâidentitĂ© pour les classes: câest le principe dâextensionnalitĂ©. Mais ce nâest pas le cas, selon lui, pour les concepts, ce qui lâamĂšne Ă rejeter lâinterprĂ©tation intensionnelle des propriĂ©tĂ©s.Le conceptualisme, qui est dâinspiration aristotĂ©licienne, reconstruit lâontologie en termes dâindividus et de propriĂ©tĂ©s, interprĂ©tĂ©es intensionnellement. La contre-partie du concept dans la rĂ©alitĂ© (ce qui est visĂ© par le concept dans le rĂ©el), câest une propriĂ©tĂ©, non toutefois en tant quâexistant Ă lâĂ©tat sĂ©parĂ©, mais en tant quâappartenant rĂ©ellement Ă des individus. La relation exprimĂ©e par la proposition entre le prĂ©dicat et le sujet a pour fondement ontologique lâappartenance rĂ©elle de la propriĂ©tĂ© (visĂ©e par le concept que reprĂ©sente le prĂ©dicat) Ă un objet individuel (dĂ©notĂ© par le sujet). Mais cette façon de voir implique Ă©videmment que le mode dâĂȘtre de la propriĂ©tĂ© rĂ©elle doit ĂȘtre conçu autrement que le mode dâĂȘtre de lâindividu concret existant. Celui-ci existe par lui-mĂȘme, ce quâexprime lâidĂ©e de subsistance. La propriĂ©tĂ© nâexiste que dans les individus, non par elle-mĂȘme; elle nâest rĂ©elle que de la rĂ©alitĂ© mĂȘme de la chose en laquelle elle inhĂšre. Mais elle est en la chose comme une formalitĂ© qui en est dĂ©tachable, et qui est reconnaissable en dâautres choses. Autrement dit, en sa rĂ©alitĂ© mĂȘme, elle est disponible pour lâopĂ©ration intellectuelle qui lâapprĂ©hende et qui pose cette apprĂ©hension mĂȘme comme dĂ©termination abstraite, comme concept. Bochenski a prĂ©cisĂ© la position conceptualiste, dans le contexte des discussions contemporaines, en recourant Ă une thĂ©orie de lâidentitĂ© entre propriĂ©tĂ©s, quâil oppose Ă une thĂ©orie de la similaritĂ©. Pour cette derniĂšre thĂ©orie (que lâon peut considĂ©rer comme une variĂ©tĂ© de nominalisme), ce qui nous permet de rassembler les individus en classes, câest seulement leur similaritĂ©. Pour la thĂ©orie de lâidentitĂ©, câest le fait quâune mĂȘme propriĂ©tĂ© est inhĂ©rente aux individus dâune mĂȘme classe. Une thĂ©orie conceptualiste doit cependant rendre compte non seulement du fait quâun concept peut viser la mĂȘme propriĂ©tĂ© dans plusieurs individus, mais aussi du fait que cette propriĂ©tĂ© peut se rĂ©aliser effectivement en plusieurs. Or cela demande une ontologie de la substance de type aristotĂ©licien, dans laquelle la forme, qui est de soi commune, se pluralise en sâindividualisant par son rapport Ă un «autre» qui joue le rĂŽle dâun principe de subsistance.3. GenĂšse et Ă©volution des conceptsLa plupart de nos concepts sont construits par lâesprit Ă partir de lâexpĂ©rience sensible. Le mĂ©canisme de cette construction constitue un problĂšme important (auquel a tentĂ© de rĂ©pondre jadis la doctrine de lâabstraction et que lâĂ©pistĂ©mologie gĂ©nĂ©tique de Jean Piaget a repris de nos jours sur une base scientifique). Mais en est-il ainsi de tous nos concepts? Kant a soutenu, Ă partir dâune analyse de la connaissance scientifique (mathĂ©matiques et physique newtonienne), quâil y a des concepts a priori , câest-Ă -dire indĂ©pendants de toute expĂ©rience. Ces concepts ne nous fournissent pas un contenu de connaissance; ils ne sont que des formes selon lesquelles la pensĂ©e peut se rapporter Ă un objet en gĂ©nĂ©ral. Câest seulement par lâapplication des concepts purs au contenu fourni par la sensibilitĂ© que se constituent les objets de connaissance. La fonction des concepts a priori est dâunifier nos reprĂ©sentations. Comme ils exercent cette fonction par lâintermĂ©diaire du jugement, on pourra Ă©tablir la table complĂšte des concepts a priori en examinant quelles sont les diffĂ©rentes «fonctions de lâunitĂ© dans les jugements». Sâappuyant sur la classification des jugements fournis par la logique traditionnelle, Kant Ă©tablit la cĂ©lĂšbre table des catĂ©gories, qui contient 12 concepts. Ce sont ces concepts qui, dans sa doctrine de la science, constituent lâarmature a priori sur laquelle sont construits les principes fondamentaux de la physique newtonienne. Câest ainsi par une thĂ©orie de lâaprioritĂ© quâil explique la puissance thĂ©orique de la science, son caractĂšre universel et nĂ©cessaire, qui excĂšde par principe ce que peut donner lâexpĂ©rience.Les «idĂ©es innĂ©es» de Descartes sont, elles aussi, indĂ©pendantes de lâexpĂ©rience, mais elles ne sont pas de simples formes dâunification; elles ont un contenu dĂ©terminĂ©. Et, sâil en est ainsi, câest quâelles ont un caractĂšre intuitif. Ce sont des intuitions intellectuelles; et, en cela, les «idĂ©es» sont diffĂ©rentes des concepts, qui, prĂ©cisĂ©ment, nâont pas ce caractĂšre intuitif. LâidĂ©e est un mode de lâentendement mais elle contient une «rĂ©alitĂ© objective» par elle, la chose est «objectivement ou par reprĂ©sentation» prĂ©sente dans lâentendement.Le concept est gĂ©nĂ©ralement compris comme douĂ© de stabilitĂ©. Quand on parle dâĂ©volution des concepts, câest au sens oĂč lâesprit transforme ses concepts ou en crĂ©e de nouveaux. Mais la transformation affecte le concept de lâextĂ©rieur: elle se fait par ajout ou soustraction de certaines notes constitutives. Hegel a dĂ©veloppĂ© une thĂ©orie du concept qui donne Ă celui-ci un caractĂšre essentiellement dynamique. Le concept est mouvement, il est perpĂ©tuelle transformation de lui-mĂȘme par lui-mĂȘme, en ce sens quâil sâaffecte de lâintĂ©rieur par lui-mĂȘme de dĂ©terminations nouvelles. Non toutefois par simple ajout au contenu dĂ©jĂ posĂ©, mais par dĂ©veloppement dialectique de celui-ci. Le dĂ©veloppement du concept produit lâidĂ©e, qui nâest autre que le concept entiĂšrement rĂ©alisĂ© (devenu rĂ©el) par son auto-dĂ©veloppement mĂȘme. LâidĂ©e est la rĂ©alitĂ© absolue, considĂ©rĂ©e dans la totalitĂ© systĂ©matiquement constituĂ©e de ses dĂ©terminations.4. Le concept dans les mathĂ©matiques, la physique et le langage scientifiqueLes mathĂ©matiques posent un problĂšme spĂ©cial. Les entitĂ©s dont elles traitent ont un caractĂšre idĂ©al et, Ă ce titre, paraissent appartenir au mĂȘme domaine que les concepts. Il faut cependant distinguer complĂštement les objets mathĂ©matiques (tels que les nombres, les fonctions, les espaces, etc.) des concepts au moyen desquels nous les caractĂ©risons et en dĂ©crivons les propriĂ©tĂ©s. Du point de vue logique; les entitĂ©s mathĂ©matiques doivent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des individus de nature particuliĂšre, non empirique. Leur statut ontologique fait lâobjet dâun dĂ©bat fondamental en philosophie des mathĂ©matiques.Le statut des entitĂ©s thĂ©oriques (introduites dans le cadre des thĂ©ories scientifiques, surtout des thĂ©ories physiques) pose un problĂšme qui a des analogies avec le prĂ©cĂ©dent. Ces entitĂ©s sont construites par la pensĂ©e, au moyen de concepts, mais ne sont pas elles-mĂȘmes des concepts (par exemple, le champ gravitationnel). Elles sont posĂ©es non comme des objets idĂ©aux mais comme existant rĂ©ellement dans le monde physique. Leur existence nâest cependant affirmĂ©e que sur un mode hypothĂ©tique et la valeur Ă©pistĂ©mique que lâon peut accorder aux propositions qui affirment (ou impliquent) leur existence est exactement celle que lâon peut accorder aux thĂ©ories dans le cadre desquelles interviennent ces propositions.Le langage scientifique a trĂšs largement recours Ă des concepts qui ne sont pas directement interprĂ©tables en termes empiriques. Ce sont les concepts dits «thĂ©oriques», qui sont introduits dans le contexte des propositions thĂ©oriques. LâĂ©pistĂ©mologie nĂ©opositiviste avait cru pouvoir dissocier le langage scientifique en une partie purement empirique et une partie thĂ©orique. Il est assez couramment admis que tous les concepts du langage scientifique sont, Ă des degrĂ©s divers, «chargĂ©s de thĂ©orie». Il faudra nĂ©anmoins distinguer les concepts proprement thĂ©oriques, qui concernent des propriĂ©tĂ©s non observables, et les concepts observationnels, qui concernent des aspects observables de la rĂ©alitĂ© physique. Les concepts thĂ©oriques jouent un rĂŽle indispensable, en ce quâils permettent Ă la pensĂ©e scientifique dâaller au-delĂ de lâinformation contenue dans les donnĂ©es empiriques disponibles. Mais leur statut sĂ©mantique pose des questions difficiles. On peut analyser le «sens» dâun concept en deux composantes: la dĂ©notation ou extension (ensemble des individus qui vĂ©rifient le concept), et lâintension ou comprĂ©hension (contenu du concept). Le problĂšme de la dĂ©notation renvoie Ă celui des entitĂ©s thĂ©oriques: les objets pour lesquels se vĂ©rifie un concept thĂ©orique sont des entitĂ©s thĂ©oriques. Quant Ă lâintension, elle comporte elle-mĂȘme deux composantes: dâune part, une composante interne, constituĂ©e par lâensemble des relations logiques que le concept considĂ©rĂ© entretient avec tous les autres concepts de la thĂ©orie, par lâintermĂ©diaire des propositions que cette thĂ©orie contient; dâautre part, une composante externe, donnĂ©e par lâinterprĂ©tation de la thĂ©orie. Pour ĂȘtre utilisable, une thĂ©orie Ă portĂ©e empirique doit pouvoir ĂȘtre mise en relation avec des donnĂ©es observables. Ă cet effet, elle doit ĂȘtre munie de rĂšgles dâinterprĂ©tation qui jettent un pont entre les concepts thĂ©oriques et les concepts observationnels. La relation ainsi Ă©tablie entre un concept thĂ©orique et la rĂ©alitĂ© empirique contribue Ă dĂ©terminer lâintension du concept. La maniĂšre prĂ©cise dont doivent ĂȘtre conçues lâinterprĂ©tation dâune thĂ©orie et la sĂ©mantique des concepts thĂ©oriques reste un objet de discussion.âą 1404; lat. conceptus, de concipere « recevoir »1 ⊠Philos. ReprĂ©sentation mentale gĂ©nĂ©rale et abstraite d'un objet. â idĂ©e (gĂ©nĂ©rale), notion, reprĂ©sentation; conceptuel. Le concept de temps. Formation des concepts. â conception, conceptualisation; abstraction, gĂ©nĂ©ralisation. ComprĂ©hension, extension d'un concept. â Ling. Les concepts sont indĂ©pendants des langues. SignifiĂ©, concept et rĂ©fĂ©rent.2 ⊠DĂ©finition d'un produit par rapport Ă sa cible. Les nouveaux concepts dans l'industrie alimentaire (â concepteur ) .conceptn. m. PHILO ReprĂ©sentation mentale abstraite et gĂ©nĂ©rale. Le concept de table. Le concept de bonheur. Forger un concept.âCONCEPT, subst. masc.A.â Vx. FacultĂ©, maniĂšre de se reprĂ©senter une chose concrĂšte ou abstraite; rĂ©sultat de ce travail; reprĂ©sentation. Synon. conception. Ainsi le talent, de mĂȘme que la goutte, saute quelquefois de deux gĂ©nĂ©rations. Nous avons de ce phĂ©nomĂšne, un illustre exemple dans George Sand en qui revivent la force, la puissance et le concept du marĂ©chal de Saxe de qui elle est petite-fille naturelle (BALZAC, Albert Savarus, 1842, p. 17). Les Quatre Saisons de Mlle AbbĂ©ma sont, comme concept, une niaiserie bien fĂ©minine (HUYSMANS, L'Art mod., 1883, p. 297). La description qu'en [du cerveau] fabrique le Français avec le concept logique de son esprit (E. et J. DE GONCOURT, Journal, oct. 1889, p. 1054).B.â Usuel1. PHILOS. ReprĂ©sentation mentale abstraite et gĂ©nĂ©rale, objective, stable, munie d'un support verbal. Le concept de vĂ©ritĂ©, le concept de cercle. Synon. catĂ©gorie, classe, schĂšme, symbole. Cette philosophie du concept est devenue chez Platon la dialectique, et chez Aristote, la construction mĂ©taphysique et scientifique que l'on sait, oĂč la mĂ©thode est demeurĂ©e essentiellement dialectique (L. LĂVY-BRUHL, La Mor. et la sc. des mĆurs, 1903, p. 63). Le philosophie, remontant du percept au concept, voit se condenser en logique tout ce que le physique avait de rĂ©alitĂ© positive (BERGSON, L'Ăvolution crĂ©atrice, 1907, p. 320). Qu'est-ce qu'un concept? [selon Kant] C'est un moyen de juger, c'est-Ă -dire un universel, une forme de classe sous laquelle on peut subsumer un singulier (O. HAMELIN, Essai sur les Ă©lĂ©ments principaux de la reprĂ©sentation, 1907, p. 30) :âą 1. Quand je fixe un objet dans la pĂ©nombre et que je dis : « c'est une brosse », il n'y a pas dans mon esprit un concept de la brosse, sous lequel je subsumerais l'objet et qui d'autre part se trouverait liĂ© par une association frĂ©quente avec le mot de « brosse », mais le mot porte le sens, et, en l'imposant Ă l'objet, j'ai conscience d'atteindre l'objet.MERLEAU-PONTY, PhĂ©nomĂ©nologie de la perception, 1945, p. 207.SYNT. Le concept d'espace, de mouvement, de temps, de cause; le contenu, la comprĂ©hension, l'extension d'un concept, la connotation d'un concept; former le/un concept de qqc., subsumer un donnĂ© ou un ensemble de donnĂ©es sous un concept, Ă©puiser un concept.2. LING. MOD. :âą 2. Quand j'affirme simplement qu'un mot signifie quelque chose, quand je m'en tiens Ă l'association de l'image acoustique avec un concept, je fais une opĂ©ration qui peut dans une certaine mesure ĂȘtre exacte et donner une idĂ©e de la rĂ©alitĂ©; mais en aucun cas je n'exprime le fait linguistique dans son essence et dans son ampleur.SAUSSURE, Cours de ling. gĂ©n., 1916, p. 162.âą 3. L'image acoustique et le concept sont d'ordre psychique; dans la phonation, le concept de bĆuf, par exemple dĂ©clenche dans le cerveau l'image acoustique correspondante, empreinte du groupe de sons qu'est le mot bĆuf en français (Ox en anglais, etc.); puis, par un processus physiologique, le cerveau transmet aux organes de la phonation l'impulsion corrĂ©lative Ă l'image; dans la situation de l'audition, l'ordre est inversé : transmission physiologique de l'oreille au cerveau, et dans le cerveau, association psychique de l'image acoustique bĆuf, Ox, etc. avec le concept correspondant.J. PERROT, La Ling., 1953, p. 111.3. P. ext.a) Vocab. sc. en gĂ©n. Le concept de l'inconscient frappait depuis longtemps aux portes de la psychologie et la philosophie comme la littĂ©rature flirtaient avec lui (S. FREUD, Abr. de psychanal., trad. A. Bermann, 1949, p. 20). Un concept mathĂ©matique adĂ©quat Ă la notion vague de fonction d'entiers effectivement calculable (Hist. gĂ©n. des sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 107). Des concepts de marchĂ©, de firme, de prix, d'Ă©quilibres par les prix et par les flux (PERROUX, L'Ăcon. du XXe s., 1964, p. 589).b) Dans la lang. littĂ©r. et culturelle. Quasi synon. de idĂ©e. L'idĂ©e, que le fait, que le concept d'un pĂ©chĂ© (PĂGUY, Victor-Marie, Comte Hugo, 1910, p. 824). Je ne me fais pas d'Esprit [le pigeon] et de mon attirance vers lui un concept prĂ©cis, clair, distinct? Eh! j'en conviens (BARRĂS, Le MystĂšre en pleine lumiĂšre, 1923, p. 63). La France, dĂ©cidĂ©ment, n'Ă©tait pour moi ni une dĂ©esse abstraite, ni un concept d'historien, mais bien une chair dont je dĂ©pendais (SAINT-EXUPĂRY, Lettre Ă un otage, 1943, p. 395) :âą 4. Nous avons trop mesurĂ© la complication des faits de nature pour nous leurrer de l'espoir d'emprisonner dans un concept rigide la rĂ©alitĂ© touffue de la chose vitale; ...J. ROSTAND, La Vie et ses problĂšmes, 1939, p. 12.Rem. On rencontre ds la docum. et ds quelques dict. gĂ©n. du XIXe et du XXe s. a) Le subst. masc. conceptisme qui dĂ©signe dans la littĂ©rature espagnole un courant d'idĂ©es apparu au dĂ©but du XVIIe s. et caractĂ©risĂ© par un raffinement abusif dans la pensĂ©e et dans le style. Plus tard, Calderon rendra plus rigide ces dogmes, se fera de l'honneur une conception plus rigoureuse, et dans le « mĂ©dico de su honra » proposera des modĂšles Ă©tonnamment durs et abstraits. Le gongorisme, le conceptisme, le cultisme viendront renforcer l'action de la prĂ©ciositĂ© (BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, p. 61). b) L'adj. conceptiste, dĂ©r. de conceptisme. On dirait que les pointes, bons mots et traits d'esprit, auxquels Gracian consacre son vaste traitĂ© de l'« agudeza y arte de ingenio », sont comme l'application « conceptiste » de cet esprit de finesse (JANKĂLĂVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, p. 112). Son emploi subst. masc. dĂ©signe un Ă©crivain s'adonnant aux raffinements du conceptisme.Prononc. et Orth. :[
]; prononcé [
] ds FĂR. Crit. t. 1 1787, LAND. 1834 et GATTEL 1841. Cf. abrupt. Enq. : /kĂ”sept/. Ds Ac. 1762-1932. Ătymol. et Hist. 1404 (CHR. DE PISAN, Charles V, 3, 5 ds QUEM. : Le concept des choses veues, sceues et oppinees par vrayes raisons); 1647 terme de philos. (DESCARTES, MĂ©ditation, 6 ds LITTRĂ : Pour me servir des termes de l'Ă©cole, dans leur concept formel). Empr. au lat. conceptus « action de contenir, de recevoir » (de concipere « concevoir »), en lat. chrĂ©t. le sens de « conception, pensĂ©e ». FrĂ©q. abs. littĂ©r. : 832. FrĂ©q. rel. littĂ©r. :XIXe s. : a) 39, b) 301; XXe s. : a) 883, b) 2 812. Bbg. TEPPE (J.). Gongorisme. Vie Lang. 1962, p. 68.
concept [kÉÌsÉpt] n. m.ĂTYM. 1404; lat. conceptus, de concipere « recevoir ».â⊠Didactique.1 Vx. Acte de pensĂ©e aboutissant Ă une reprĂ©sentation gĂ©nĂ©rale et abstraite. â Conception, concevoir. â IdĂ©e gĂ©nĂ©rale et abstraite.2 Mod. (depuis Kant). Philos. Objet de la pensĂ©e (idĂ©e), correspondant Ă une rĂšgle ou schĂšme lui assurant une valeur gĂ©nĂ©rale et abstraite (â Abstraction), et souvent considĂ©rĂ© comme liĂ© Ă un nom. â REM. Notion, souvent employĂ© dans le mĂȘme sens, correspond dans la langue courante Ă tout objet de pensĂ©e, qu'il soit individuel ou gĂ©nĂ©ral, vague et mal formĂ© ou analysable. â DĂ©finition nominaliste (â Nom), rĂ©aliste; dĂ©finition mentaliste, fonctionnaliste du concept. || Le concept, opposĂ© au percept. || Le concept dĂ©fini en comprĂ©hension correspond en extension Ă une classe d'objets. â Classe, catĂ©gorie. || DĂ©finition et concept. || Symbole et concept. â Le signe (le nom, le mot), le concept et la chose (ou rĂ©fĂ©rent). || Le signifiĂ© et le concept. â Du concept. â Conceptuel.1 On peut (âŠ) dire que le concept gĂ©nĂ©ral n'est ni un simple signe, ni une idĂ©e vĂ©ritable, eidos (âŠ) mais qu'il consiste en un schĂšme opĂ©ratoire de notre entendement, quelque chose comme le rythme d'un vers dont on ne peut retrouver les mots (âŠ)A. Lalande, Lectures sur la philosophie des sciences, 1893, I.2 Mais si l'on commence par Ă©carter les concepts dĂ©jĂ faits, si l'on se donne une vision directe du rĂ©el (âŠ) les concepts nouveaux qu'on devra bien former pour s'exprimer seront cette fois taillĂ©s Ă l'exacte mesure de l'objet.H. Bergson, la PensĂ©e et le Mouvant, I, p. 23.2.1 Les premiers temps, nous causions surtout du petit monde qui nous Ă©tait commun : nos camarades, nos professeurs, le concours. (Herbaud) me citait le sujet de dissertation dont s'amusaient traditionnellement les normaliens : « DiffĂ©rence entre la notion de concept et le concept de notion ».S. de Beauvoir, MĂ©moires d'une jeune fille rangĂ©e, p. 312.3 L'homme autrefois Ă©tait divin parce qu'il avait su acquĂ©rir le concept de justice, l'idĂ©e de loi, le sens de Dieu; aujourd'hui il l'est parce qu'il a su se faire un outillage qui le rend maĂźtre de la matiĂšre.Julien Benda, la Trahison des clercs, III, p. 198.âDĂR. V. Conceptuel.
Encyclopédie Universelle. 2012.
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concept â CONCEPT. s. m. (On prononce le P dans ce mot et le suivant.) Terme didactique. IdĂ©e, simple vue de l esprit. Une abstraction n est qu un concept ⊠Dictionnaire de l'AcadĂ©mie Française 1798
concept â [kĂ€nâČseptÎ] n. [L conceptus: see CONCEIVE] 1. an idea or thought, esp. a generalized idea of a thing or class of things; abstract notion 2. a) an original idea, design, etc.; conception b) a central or unifying idea or theme: often used… ⊠English World dictionary
Concept â (v. lat.), 1) der Entwurf eines Aufsatzes, bevor derselbe ins Reine geschrieben ist; 2) der Entwurf z.B. einer Rede, einer musikalischen Arbeit, eines Handelsprojects etc.; 3) (Rechtsw.), so v. w. Punctation; 4) (Philos.), so v. w. Begriff ⊠Pierer's Universal-Lexikon